Parcours Rousseau

Au cœur de la Maison Rousseau et Littérature, située à l’emplacement même de la maison natale de l’écrivain, vous attend le Parcours Rousseau. Qui est né d’une conviction: Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est l’auteur d’une œuvre susceptible aujourd’hui, comme peu d’autres, de nous provoquer. S’il naquit à Genève au début du Siècle des Lumières, s’il y a passé son enfance et son adolescence, la portée de sa pensée et de son écriture va bien au-delà des murs de sa ville.

Jean-Jacques Rousseau, “Émile” ou “De l’Éducation” (1762)

Jean-Jacques Rousseau, “Émile” ou “De l’Éducation” (1762)

Horaires

Le Parcours Rousseau est ouvert
du mardi au vendredi de 8h à 18h,
samedi et dimanche de 11h à 18h.

Horaire d’été du 01.07 au 18.08
du mardi au dimanche de 11h à 18h.

La visite dure environ 45 minutes.

Visites guidées

Des visites guidées gratuites ont lieu tous les premiers dimanches du mois.

Pour organiser une visite privée et pour plus d’informations contactez info@m-r-l.ch.

Les langues

Le Parcours Rousseau est accessible en plusieurs langues. Des liseuses sont disponibles en allemand, anglais, chinois, espagnol, italien, japonais, portugais et russe.

Tarifs

Plein tarif, CHF 7.-

Tarif réduit, CHF 5.-

Étudiants, AVS, AI, chômeurs

Groupes, CHF 5.-

Dès 10 personnes

Gratuité

La visite est gratuite pour les enfants (0-12 ans), les personnes en situation de handicap et leur accompagnant, les élèves et les professeurs du Département de l’instruction publique du Canton de Genève.

Tous les premiers dimanches du mois, la maison ouvre gratuitement les portes du Parcours Rousseau afin que tout le monde puisse le découvrir.

Rousseau, qui affirmait préférer être un homme à paradoxes qu’un homme à préjugés, n’est pas traité ici comme un monument figé du passé. Le Parcours affronte les paradoxes du philosophe comme une invitation à questionner notre présent, qu’il semble anticiper.

Rousseau-portrait.jpg

Visages multiples

Adoré ou détesté, à son époque tout comme aujourd’hui, Rousseau ne laisse personne indifférent. Chacun, chacune a «son» Rousseau!

À l’heure où l’on s’interroge plus que jamais sur la notion d’identité, puisse ce Parcours permettre à chaque visiteur ou visiteuse de se faire une idée complexe et plus riche encore de l’écrivain-philosophe, en découvrant les différents visages de celui qui, comme Montaigne, n’aura cessé de questionner le «moi».

« Vous aurez beau vouloir me peindre. Vous ne peindrez jamais que vous. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Rousseau Juge de Jean-Jacques” (1771-1775 — posthume, publié entre 1780 et 1782)

Nature

Eva-Le-Roi-1st-Floor.png

La philosophie de Rousseau est une anthropologie: elle s’intéresse à la nature humaine. L’homme est-il perfectible? Quel est son rapport à la société? Celle-ci l’a-t-elle irrémédiablement corrompu?

Mais bien avant les Romantiques, ou le réchauffement climatique, Rousseau fut aussi un penseur (et un amoureux) de la nature et prit sa défense de manière si radicale qu’il peut nous apparaître aujourd’hui comme un précurseur de l’écologie.

Rousseau serait-il allé jusqu’à se dresser contre la civilisation? Non! Le Parcours fera voir que malgré sa virulente critique des grandes villes et du «progrès», le philosophe était persuadé que «la nature humaine ne rétrograde pas», et que certaines facultés de l’homme ne se réalisent pleinement qu’en société.

« Il est à craindre qu’à force de vouloir nous élever au-dessus de notre nature nous ne retombions au-dessous d’elle. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Discours sur l’Origine et les Fondements de l’Inégalité parmi les Hommes” (1754)
Parcours-Rousseau-Enfance.jpg

Enfance

Soit un paradoxe insoutenable. D’une part, Rousseau a, d’une certaine manière, inventé l’enfance. Il s’est penché sur la sienne comme peu d’écrivains auparavant. Il a changé l’idée de l’enfance dans un traité révolutionnaire: l’Émile.

Emile-zoom-01.png

Ses théories pédagogiques sont toujours à l’ordre du jour, fût-ce pour être contestées. Elles alimentent la réflexion, plus urgente que jamais, sur le rôle de l’autorité des maîtres et la place de la liberté de l’enfant dans le processus éducatif.

Mais le philosophe, qui a lui-même perdu sa mère à la naissance, a successivement abandonné tous ses enfants… Ce geste qui ne cessa de le tourmenter, et qui ne cesse de nous scandaliser à notre tour, comment se l’expliquer?

« Aimez l’enfance, favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct. »
— Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’Éducation (1762)
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Du Contrat Social. Principes du Droit politique” (1762), Préambule
 
45.-Gravure-Monument-Argand_cut.jpg

Liberté et égalité

Pour Rousseau, l’égalité est une condition de la liberté. Et la liberté, une condition même de l’humanité: sa définition et son horizon.

Sommes-nous prêts à sacrifier un peu de notre liberté au nom de l’égalité? Sommes-nous prêts à défendre une société inégalitaire pour défendre notre liberté? Il y va de ce que nous appelons politique. Sujet qui n’a cessé de passionner le Citoyen de Genève, et a valu à son Émile de se voir condamné au feu.

Deux siècles et demi après Rousseau, au moment où toujours plus de citoyennes et de citoyens descendent dans la rue pour revendiquer leurs droits, le Parcours Rousseau nous renvoie à la question de notre responsabilité collective.

Le-baiser-recadre.jpg

Sentiment

Rationaliste, Rousseau a pourtant placé le sentiment au cœur de son anthropologie: selon lui, le sentiment est un principe d’action, de connaissance, et le fondement de l’expression.

« Il n’y a que la passion qui nous fasse agir. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Émile ou De l’Éducation” (1762)

Le philosophe, qui fut aussi romancier (Julie ou La Nouvelle Héloïse est sans doute le roman le plus vendu en France au 18e siècle), n’a pas seulement contribué à la reconnaissance théorique des sentiments: il a aussi modifié leur place dans l’art, par son écriture et sa théorie de la musique. Les Romantiques lui voueront une grande admiration. Il a changé notre manière de sentir.

À chacun.e.s de s’interroger: en quoi serions-nous différent.e.s, aujourd’hui, si Rousseau et ses livres – qui ont influencé poètes et écrivain.e.s, penseurs et penseuses politiques, philosophes et artistes – n’avaient pas existé?

Genève

 
« Jamais je n’ai vu les murs de L’heureuse Genève, jamais je n’y suis entré sans sentir une certaine défaillance de cœur qui venait d’un excès d’attendrissement. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Les Confessions” (1765-1770 — posthume, publié entre 1782 et 1789)
 
 

Paradoxes en miroir: Rousseau adolescent tourna le dos à Genève, puis il voulut l’aimer et prit ses institutions politiques pour modèles. Or ces institutions l’ont condamné.

De son côté, Genève, sa ville natale, mettra longtemps à adopter Rousseau… avant de l’oublier. Elle devrait aujourd’hui s’enorgueillir d’être à l’origine d’une pensée aussi originale que dérangeante, et d’une «écriture de soi» qui a changé la littérature. Mais nul doute que la radicalité des positions de Rousseau a de quoi la troubler encore!

 

Bonheur

Quelles sont les conditions du bonheur, ou ses formes? N’est-il qu’un horizon qui ne cesse de reculer? Ou peut-on l’éprouver au présent, et si oui, comment?

À une époque qu’obsède la quête individuelle du bonheur, ou du «développement personnel», Rousseau a de quoi nous concerner. S’il se plaint que le bonheur n’ait cessé de lui échapper, il se souvient pourtant, à la fin de sa vie, de rares jours de félicité dans la nature, aux Charmettes avec celle qu’il appelle «Maman», ou à l’île Saint-Pierre sur le lac de Bienne.

« Il ne dépend pas des hommes de rendre vraiment misérable celui qui sait vouloir être heureux. »
— Jean-Jacques Rousseau, “Les Rêveries du Promeneur Solitaire” (1776-1778 — posthume, publié en 1782)

Rousseau souffrait-il comme le lui reprochèrent ses amis d’un excès de sensibilité? Cherche-t-il à nous persuader que l’on n’est heureux que dans la solitude? Ou bien qu’on ne saurait être heureux tout seul? Y a-t-il une recette secrète pour être heureux?

Le Parcours Rousseau ne suit pas la biographie de l’écrivain, mais propose sept niches thématiques confrontant l’œuvre et les idées de Rousseau aux inquiétudes de notre temps.

Il est conçu pour qu’on s’y promène à sa guise et à son rythme, passant de textes en objets, et de citations en images, ou en musiques, tout en découvrant de courts films créés spécialement par Agnieszka Kruczek ou par de jeunes étudiant·e·s en cinéma de Master Cinéma ECAL/HEAD.