Quand la fiction comble les trous de la mémoire familiale

Diffusion

18 février 2021

Modération

Lydia Gabor

Daniel Maggetti et Romain Buffat ouvrent les malles de leur histoire familiale, pour y trouver des souvenirs lacunaires, des photographies jaunies et quelques lettres qui appellent l’imagination.

Face aux silences de leur généalogie, les deux écrivains spéculent. Deux styles, deux récits différents qui disent combien l’écriture objective n’existe pas, combien l’histoire est sujette à inventions.

Dans Schumacher, premier roman de Romain Buffat, nous suivons le protagoniste qui donne son nom au livre. De ce jeune homme, le narrateur «ne sait à peu près rien, sinon ce qu’il faut pour en faire un mythe». Il sait toutefois ceci: Schumacher a fait un enfant à une jeune Française… la grand-mère de l’auteur. Nous sommes dans les années 1950, entre les États-Unis et une base américaine située dans le nord de la France. Au passage de cette reconstitution jubilatoire, le rêve américain est passablement écorné, tandis que la légende familiale colmate ses fissures.

Avec Daniel Maggetti et Une femme obscure, on change de lieu et d’époque. Nous voilà dans un village du Tessin, au début du siècle dernier. Là, règne Melanía, la grand-mère de l’écrivain. Toute jeune, elle est tombée enceinte, on ne sait pas de qui. Un personnage dense et opaque, une femme ambiguë et puissante qui entraîne le lecteur dans un monde disparu.

 

Romain Buffat

Né à Yverdon-les-Bains en 1989. Il se forme à l’Institut littéraire de Bienne et fait partie du collectif d’auteurs Hétérotrophes. Schumacher (éd. d’autre part, 2018), son premier roman, a été très remarqué par la critique et le public. Il vient d’être traduit en allemand chez Verlag Brotsuppe.

Romain Buffat participe à divers projets littéraires. Dernièrement, il a écrit le feuilleton «Qwertzédaire: histoire d’une Hermès 3000», une commande la Bibliothèque publique et scolaire d’Yverdon-les-Bains. Il vit à Lausanne.

©Stefanie Brandly

Daniel Maggetti

Né au Tessin en 1961. Il se forme à l’Université de Lausanne, où il vit aujourd’hui, et dirige le Centre des Littératures en Suisse romande. Il est l’auteur d’éditions critiques et de plusieurs essais portant sur la littérature romande. Il signe également des recueils de poésie et des romans, parmi lesquels La veuve et l’enfant (éd. Zoé, 2015), Les créatures du Bon Dieu (éd. L’Aire, 2007), Chambre 112 (éd. L’Aire, 1997), Les morts, les anges, la poussière (éd. L’Aire, 1995).

©DR

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